À propos

 

 

 

School of Casablanca est une initiative du KW Institute for Contemporary Art (Berlin) et de ThinkArt (Casablanca) en partenariat avec la Sharjah Art Foundation, l’Institut für Auslandsbeziehungen (ifa), le Goethe-Institut Marokko et Zamân Books & Curating.

Le projet interroge l’héritage de l’École des beaux-arts de Casablanca : sa pédagogie innovante, son esthétique moderniste et ses stratégies pionnières d’exposition dans le Maroc des années 1960.

Engagé en 2020 avec des résidences de recherche et des programmes publics, School of Casablanca poursuit son investigation avec une exposition qui prendra place dans différents lieux de la ville entre le 11 novembre 2023 et le 14 janvier 2024.

School of Casablanca met en lumière un moment charnière de l’histoire de l’art marocain qui a eu un impact considérable sur l’ensemble de la région : le début de l’art moderne dans le pays désormais indépendant (1956). La nouvelle conscience civique qui émerge dans ce contexte a eu des conséquences sur les artistes et les intellectuels cherchant à reconsidérer leur fonction sociale et leur visibilité dans la sphère publique. À travers ce processus, l’artiste est devenu le producteur d’un projet social et culturel dans lequel l’art est appelé à être un espace de connaissances et d’expériences partagées. L’École des beaux-arts de Casablanca a été un foyer déterminant pour le développement de ces idées et des pratiques qui y sont liées. Ses membres étaient unis par la conscience aiguë qu’une culture nationale ne peut émerger dans la période postcoloniale que si les exigences de la modernité sont enracinées dans les pratiques culturelles vernaculaires. S’inspirant notamment du Manifeste du Bauhaus, l’École des beaux-arts de Casablanca s’est engagée à créer des modèles pour repenser la relation entre l’art, l’artisanat, le design et l’architecture dans un contexte local.

Cette initiative, qui vise à confronter l’héritage de l’École à l’aune de la pensée contemporaine, est importante dans le contexte marocain d’abord, mais aussi dans le cadre d’une réflexion plus large sur les outils de méthodologie élaborés en occident. School of Casablanca revisite, réinterprète les idées et les actions radicales du groupe d’individus (Farid Belkahia, Mohammed Chabâa, Bert Flint, Toni Maraini, et Mohamed Melehi) qui a façonné l’École à son apogée (1964–69). Ce faisant, elle s’inspire de l’esprit d’expérimentation, de discours, d’auto-organisation et de construction communautaire incarné par Souffles, une revue culturelle d’avant-garde fondée en 1966 dont les fondateurs (Abdellatif Lâabi, Mostafa Nissaboury and Mohammed Khaïr-Eddine) ont largement collaboré avec l’École. Interdit par les autorités en 1972, la revue était un point de convergence important pour les artistes marocains et internationaux, les poètes, les peintres, les cinéastes, les dramaturges, et d’autres figures culturelles.

Ce bouillonnement artistique et intellectuel caractéristique des années 60 à Casablanca a été au cœur des recherches entreprises sur le terrain par les participants invités – artistes, designers, curateurs, et chercheurs indépendants – à School of Casablanca. L’exposition qui vient conclure cette initiative fait dialoguer des propositions inédites à partir des archives de l’École, assurant une continuité réflexive du présent vers le passé. Elle se déroule dans cinq lieux de la ville, dont deux emblématiques de l’École : l’École Supérieure des beaux-arts de Casablanca et La Coupole du parc de la Ligue arabe.

Répartie en trois thématiques intitulées Making Art Public (Démocratiser l’art), Modernist Esthetic & Popular Art, (L’Esthétique moderniste & l’art populaire) et Artistic Practice & Everyday Life (La Pratique artistique dans le quotidien) et contextualisant le climat socio-politique (les années de plomb) et culturel dans lequel l’art moderne marocain a émergé, l’exposition questionne l’apport de l’École aujourd’hui sur le développement des différentes pratiques artistiques inscrites dans la réalité socio-politique marocaine contemporaine.